1988 : Kim Philby (Harold Adrian Russel Philby dit), agent double britannique (° 1er janvier 1912).

Peut-être que cette fascination précoce pour la politique radicale aurait pu être étouffée sous les conventions bourgeoises de son enfance... mais au lieu de cela, elle a façonné un destin.En intégrant Cambridge en 1930, il entre dans un cercle d'amis qui partagent ses convictions politiques. Au sein de ce milieu élitiste mais tourné vers la gauche, ses idées prennent racine et se développent rapidement. C'est là qu'il rencontre des figures clés comme Guy Burgess et Donald Maclean des noms devenus synonymes de trahison tout autant que le sien plus tard.

Ironiquement, ces amitiés sont moins une source de soutien qu'une toile complexe tissée autour de sa conscience morale.Dès son entrée au service du renseignement britannique durant la Seconde Guerre mondiale, il commence à jouer un double jeu redoutable. Cependant comme si le destin voulait jouer avec lui ses décisions ne restent pas sans conséquences sur sa vie personnelle. Marié plusieurs fois et père dévoué malgré lui aux exigences déchirantes du service secret britannique, sa vie familiale est marquée par des mensonges incessants et une paranoïa grandissante.Le moment clé survient lorsqu'il rejoint le MI6 en 1949; là-bas commence véritablement son voyage sombre comme agent double pour l'Union soviétique. Il transmet sans relâche des informations vitales à ses superviseurs communistes tout en conservant les apparences parmi ses collègues britanniques...

Une danse délicate sur le fil du rasoir où chaque faux pas pourrait entraîner sa chute.Les années passent – chaque rapport qu'il rédige devient à la fois une arme contre son propre pays et un bouclier pour l'Union soviétique; néanmoins, malgré cette stratégie machiavélique ingénieuse... les fissures commencent à apparaître dans cette façade impeccable qu’il s’efforce tant bien que mal de maintenir! Le harcèlement médiatique autour des soupçons croissants concernant sa loyauté ne fait qu'accroître son stress; cependant... cela n'empêche pas Philby d’exprimer publiquement sa loyauté envers Sa Majesté!Malgré cela ou peut-être grâce à son habileté à manipuler ceux qui entourent il réussit encore longtemps à échapper aux investigations britanniques jusqu'à ce que finalement en 1951… lorsque Burgess et Maclean fuient vers Moscou sous les feux médiatiques brûlants - tout bascule ! Ce duo avait entraîné avec eux l’idée alarmante que Philby pourrait également être impliqué dans ces trahisons.Le MI5 intensifie alors ses recherches sur Kim Philby ; pourtant au lieu d’une arrestation immédiate… c'est encore une fois la chance qui semble sourire à cet homme: lorsqu'interrogé par ses supérieurs sur ces fuites compromettantes... il réussit habilement à retourner leurs accusations contre eux-mêmes! Et quel tour habile ! Il assure même qu’il n’a jamais été autre chose qu’un patriote dévoué… Comme si cette affirmation était suffisante pour apaiser tous leurs soupçons!Les années s'écoulent ; mais alors que toute confiance envers lui semble érodée jusqu'à la moelle - Kim continue avec courage! Au cours des années suivantes – jusqu'en 1963 – il profite toujours des failles systémiques dans lesquelles s'immiscent discrètement espionnage contre espionnage : survivre est devenu un art...

Mais finalement - après avoir obtenu asile en Union soviétique - il réalise peut-être trop tard que toutes ces manigances sont également devenues leur propre piège !Dans les dernières décennies passées loin de chez lui , vivant sous protection constante , Kim Philby repense sans doute aux choix fatidiques pris lors de cette jeunesse insouciante ; comment chaque décision a façonné non seulement sa vie personnelle , mais aussi celle entière du monde pendant la guerre froide ! Son intelligence vive résonne toujours tantôt mélancolique tantôt ironique : "Qui sait combien aurait pu changer si j'avais choisi différemment ?"Aujourd'hui encore en souvenir du personnage énigmatique qu'il était des livres continuent d’être écrits sur cet agent double dont on célèbre parfois l'esprit vif tout en maudissant profondément ses actions traîtresses … Mais au-delà même du débat moral soulevé par sa légende… c'est surtout ce lien étrange entre fidélité absolue & désillusion persistante quant aux allégeances humaines qui interpelle davantage . Ironiquement certains pourraient même dire – alors que se déclenchent différentes crises géopolitiques contemporaines– nous avons tous quelque chose résolument philbien ancré profondément en nous…Et c'est là où réside toute tragédie humaine: parfois nous devenons nos propres ennemis!