Pierre Verger, photographe et ethnologue français (° 4 novembre 1902).

Dans les années 1900, à Paris, un enfant naît dans une famille modeste. Ce n'est pas un simple événement, mais le début d'une vie qui façonnerait la manière dont nous percevons les cultures et les traditions. Pierre Verger, cet enfant, se destinait sans doute à devenir un témoin de son temps. Dès son plus jeune âge, il développe une passion pour l'image et le voyage deux éléments qui deviendront le cœur de son existence.

À l'adolescence, il découvre la photographie lors d'un voyage en Algérie. Ce premier contact avec l'appareil photo serait déterminant : malgré ses aspirations artistiques initiales vers la peinture et la sculpture, la magie du cliché se révèle à lui comme une voix puissante pour raconter des histoires invisibles. Cependant, cela ne serait pas sans embûches. En effet, alors qu'il s'efforce de percer dans ce milieu artistique bouillonnant des années 1920-30 en France, il rencontre beaucoup d'incompréhension peut-être que cette période marquerait le tournant vers sa vocation ethno-photographique.

Les circonstances l'amènent alors à rejoindre le Brésil en 1935. Dans ce nouveau monde vibrant de couleurs et de sons fascinants, Verger ne fait pas que s’installer ; il plonge profondément dans les cultures afro-brésiliennes qui bouillonnent autour de lui. Peut-être que ce choix était avant tout instinctif ! C'est là qu'il commence à capturer non seulement des images mais aussi des récits authentiques ceux qui parlent du quotidien des communautés souvent laissées pour compte par l'histoire officielle.

Les photographies qu'il produit durant cette période ne sont pas seulement des portraits ; elles sont le reflet d’une époque où les traditions africaines fusionnent avec celles du Nouveau Monde. La beauté du culte afro-brésilien Candomblé fascine Verger ! À travers son objectif, il dévoile non seulement les rituels spirituels mais aussi leur dimension humaine chaque image est comme un poème visuel sur la résistance culturelle.

Cependant, sa passion pour ces peuples va bien au-delà de l'art visuel. Fasciné par leurs racines africaines et leurs croyances séculaires, Pierre Verger devient rapidement un ethnologue reconnu grâce à ses études approfondies sur les liens entre l'Afrique et le Brésil. Ironiquement… si ses premières expériences avaient été accueillies avec scepticisme en France métropolitaine, c’est ici qu’il trouve sa véritable voix académique.

Son ouvrage majeur "Flux et reflux" voit ainsi le jour en 1953 après plusieurs années d’immersion intense dans cette culture vivante ! Ici encore… il relie habilement ses photographies aux récits historiques qui tracent la migration forcée des esclaves africains vers ces terres brésiliennes peut-être souhaitait-il montrer que chaque visage photographié avait une histoire unique derrière lui ?

Dès lors au fil des ans entre voyages incessants entre Bahia et Paris sa renommée grandit comme une étoile filante illuminant l’horizon culturel franco-brésilien ! Les institutions commencent enfin à reconnaître son travail : musées brésiliens ou européens exposent ses œuvres saisissantes où se mêlent lumière et ombre...

Néanmoins… même si sa carrière prend son envol durant les décennies suivantes avec nombre d’expositions internationales couronnées de succès , Pierre Verger n'oublie jamais pourquoi il a commencé ce parcours : comprendre autrui... créer un pont entre les cultures ! À mesure que vieillir devient inéluctable - alors qu’il traverse joyeusement toute cette mer tumultueuse – son engagement auprès des communautés afro-brésiliennes demeure intact !

Cela dit… chacun sait combien résister aux changements est essentiel au cours du temps ; pourtant c’est précisément ici qu’il réussit brillamment à naviguer … Et voilà que surgissent finalement quelques vagues inattendues : elles viennent déferler sur lui lorsque certaines idéologies politiques émergent sur fond d’inégalités sociales toujours plus présentes au sein même du Brésil contemporain!

Pierre Verger observe silencieusement ces évolutions sociopolitiques – parfois bien malgré lui ... D'ailleurs peut-être que ces réflexions personnelles contribueront plus tard au développement d’une sensibilité accrue face aux enjeux identitaires ? Qui sait … Tout ce dont nous sommes sûrs c’est qu’avec sa mort prématurée survenue en 1996 , nous perdons non seulement un artiste visionnaire mais aussi un fervent défenseur d’un dialogue interculturel nécessaire.

Aujourd'hui encore… alors même que nos sociétés continuent de se heurter aux divisions identitaires toujours persistantes voire exacerbées – certains pourraient dire ironiquement : "Il semble bien que Pierre ait eu raison !" Car au fond quelle meilleure manière célébrer cet héritage vivant laissé par cet homme ? Ses images époustouflantes résonnent encore parmi nous tel un écho vibrant rappelant combien ces mémoires partagées façonnent notre humanité collective.