1976 : Marcel Broodthaers, peintre belge (° 28 janvier 1924).

Marcel Broodthaers est né dans un petit appartement bruxellois, un 28 janvier 1924, sous le signe d'une Belgique en pleine mutation. Enfant d'une classe moyenne, son milieu familial favorise sans doute son imagination fertile. Cependant, dès ses jeunes années, il s'illustre moins par ses études que par sa passion précoce pour l'art et la poésie. Les premiers échos de sa créativité se font sentir à travers des poèmes écrits sur les murs de sa chambre. Qui sait si ces instants de rébellion adolescente contre la monotonie du quotidien ne sont pas les prémices d'un grand mouvement artistique à venir ?Il est intéressant de noter que Broodthaers a commencé sa carrière comme poète une décision qui pourrait sembler étrange pour quelqu'un qui allait devenir l'un des artistes conceptuels les plus influents du XXe siècle. Son amour pour les mots s'est transformé en une obsession pour la signification et le langage au sein des arts visuels. Il a alors compris que l'art pouvait être un véhicule pour explorer non seulement l'esthétique mais aussi la société et ses conventions.Pourtant, ce n'est qu'après avoir franchi le seuil de la trentaine qu'il commence vraiment à attirer l'attention avec ses œuvres audacieuses et provocatrices. Dans une époque où le monde de l’art se radicalise avec des mouvements tels que le dadaïsme ou le surréalisme, Marcel apparaît comme un outsider raffiné ! Dans les années 1960, malgré son appartenance à ce monde artistique, il reste profondément sceptique quant aux institutions qui lui sont associées. Paradoxalement donc, c’est en contournant ces mêmes institutions qu’il atteint finalement leur sommet.En 1968 année charnière il inaugure sa première exposition personnelle au Musée des beaux-arts de Bruxelles sous le titre « Décollage ». Ironiquement, alors qu'il montre une série d'installations mêlant objets ordinaires et poésie visuelle destinée à critiquer le système artistique traditionnel... cela attire finalement davantage d'artistes cherchant à rejoindre cette révolution esthétique !Cependant, après quelques années fructueuses au cœur du monde artistique européen… Marcel ressent un besoin pressant d'affirmer sa singularité tout en continuant d'interroger notre rapport aux images et aux mots ; ainsi naît son célèbre « Musée » ! Ce projet emblématique devient non seulement une déclaration personnelle mais également un miroir déformant refletant la culture institutionnelle entourant l’art contemporain.À mesure que son travail évolue entre installations monumentales juxtaposées à une critique acerbe du musée comme temple sacré quelque chose commence réellement à germer : peut-être cette mélancolie omniprésente dans chacun de ses tableaux témoigne-t-elle d’un profond désespoir face au passage inexorable du temps… Cette tristesse palpable pourrait très bien incarner sa vision désenchantée du monde culturel en général.Dans cette spirale ascensionnelle vers la reconnaissance internationale… il se lance dans plusieurs projets artistiques tout autant fascinants qu’intrigants ! Malgré cela ou peut-être grâce à ça ? Broodthaers refuse catégoriquement toute forme de compromis ; ainsi se crée progressivement autour de lui ce sentiment inextricable : celui selon lequel chaque œuvre doit porter en elle-même son propre questionnement.Peut-être que l’un des aspects les plus marquants chez Broodthaers réside justement dans cette façon unique qu’il a d’utiliser des matériaux quotidiens : coquilles d’œufs empilées jusqu’au ciel ou encore morceaux hétéroclites glanés ici et là… Chaque objet semble raconter une histoire inachevée ; chaque installation résonne avec des échos provenant tantôt du passé tantôt du présent... Voilà sans doute ce qui rendra longtemps vivante sa mémoire !Sa carrière atteint son apogée avec plusieurs expositions majeures sur tous les continents – New York notamment où il trouve là-bas écho favorable auprès des critiques ! Dans certains cercles artistiques on murmure déjà : « voilà un homme capable de réinventer nos perceptions traditionnelles ». Cela ne fait aucun doute qu'il laisse derrière lui un héritage indélébile…Hélas, comme souvent dans nos existences tumultueuses... Marcel Broodthaers nous quitte trop tôt : décédé brutalement en 1976 après avoir souffert pendant plusieurs mois; dernier souffle rendu juste avant ses cinquante-deux ans ! Un véritable choc pour ceux qui avaient suivi assidûment son parcours audacieux ; presque tragique quand on considère toutes ces idées encore inexplorées qui restaient enfermées dans son esprit tourmenté…Aujourd’hui encore – presque cinquante ans après – comment ne pas ressentir cet élan vital lorsque l’on plonge dans chacune de ses créations ? Ses réflexions sur notre rapport aux images font encore écho dans cette époque saturée par le numérique où chacun cherche désespérément à trouver sens parmi tant de vacarme ambiant !Pour célébrer cet héritage unique plusieurs musées organisent régulièrement des expositions temporaires dédiées exclusivement aux travaux réalisés par cet artiste belge visionnaire ! Comme quoi même après sa mort – ou plutôt grâce elle ?! –, Marcel continue d'interroger nos certitudes... En somme : si nous étions capables demain matin face au miroir… serait-ce toujours aussi compliqué pour nous tous humains modernes confrontés quotidiennement aux paradoxes existences contemporaines ?