Albert Speer, premier architecte du troisième Reich († 1er septembre 1981).

La lumière vacillante des bougies dans la salle de conférence du parti, les visages empreints d’ambition et de crainte, Albert Speer est là. Ce jeune architecte, pris au piège dans l’ascension fulgurante du Troisième Reich, se tenait face à un avenir incertain. Au cœur des années 1930, alors qu'il présentait ses premiers projets à une Allemagne en quête de grandeur, il ne savait pas encore que ses œuvres seraient le reflet d’une époque marquée par la terreur et l'opulence.Né le 19 mars 1905 à Mannheim, Albert grandit dans une famille bourgeoise où son père était architecte un héritage qui imprégnerait sa vie et sa carrière. Cependant, ce n'est qu'en intégrant l'université technique de Karlsruhe que son destin prit un tournant décisif. Lorsqu’il a commencé à étudier l'architecture en 1923, les idéaux politiques commençaient lentement à prendre racine en Allemagne. Peut-être que cette ambiance tumultueuse a éveillé en lui une passion pour les formes monumentales et la grande échelle des éléments qui allaient devenir sa marque de fabrique.Ironiquement, alors même qu'il façonnait ses premières structures architecturales avec ferveur et créativité, le paysage politique changeait radicalement autour de lui. En 1933, Hitler accède au pouvoir ; c’est ici que Speer fait son entrée triomphale dans le cercle restreint des architectes nazis. Son talent indéniable attire l’attention du Führer lui-même lors d'une exposition : "Cette vision moderne d'un Berlin réinventé!", aurait dit Hitler après avoir observé ses croquis audacieux.L'ascension fulgurante de Speer ne s’arrête pas là : il devient rapidement le principal architecte du régime nazi. Ce rôle n'était pas seulement honorifique ; c'était un ascenseur vers un monde où chaque pierre posée racontait une histoire de pouvoir absolu et d’idéalisme raciste. En construisant le Palais du Reichstag ou encore la gigantesque réorganisation urbaine prévue pour Berlin baptisée Welthauptstadt Germania il se transforme peu à peu en bâtisseur du rêve démentiel d’un empire aryen.Cependant… chaque coup de marteau porteur d'un rêve architectural cache aussi les conséquences funestes des choix faits par cet homme ambitieux. Pendant que ces bâtiments majestueux s’élevaient vers le ciel avec éclat, les voix effrayées des millions de victimes résonnaient sous leurs fondations invisibles. Loin des yeux mais omniprésentes comme une ombre menaçante ! En effet, ce travail colossal nécessitait une main-d'œuvre exploitée sans relâche provenant des camps concentrationnaires… Pourtant, malgré cette ombre écrasante qui planait sur sa carrière flamboyante mais troublée par cette réalité sombre... Malgré cela... Albert Speer réussissait habilement à se distancier personnellement des atrocités commises sous le régime nazi! On dit souvent qu'il avait su créer autour de lui une sorte d'aura protectrice manœuvrant avec adresse entre les ténèbres du régime tout en affichant un visage respectable aux yeux du public international.Après-guerre… Le tribunal militaire international rendra son verdict sur ces années chaotiques : condamné pour crime contre l’humanité lors des procès de Nuremberg ! Pourtant cet homme charismatique ira plus loin que la simple défense... Tout au long de son procès sous les feux croisés des journalistes avides il tentera désespérément de se présenter comme « l'artisan apolitique » déchire entre ambition professionnelle et loyauté aveugle envers Hitler ! Qui sait si cette stratégie n'était pas simplement celle qui pouvait assurer sa survie? Dès lors condamné à vingt ans dans la prison britannique d'Hommesfeld... Ironiquement… c’est là qu’il commence véritablement à se forger une image publique complexe celle d’un génie mal compris tourmenté par ses choix passés! Au-delà derrière ces barreaux grisâtres surgit alors un écrivain prolifique ! Peut-être est-ce ici qu'il retrouve enfin sa voix... Un récit autobiographique étonnant voit bientôt le jour: *"À travers mes rêves"*, publié en 1969 !Alors même que ses souvenirs prenaient forme sur papier dévoilant ses réflexions profondes la réputation historique entourant son nom continuait cependant: celle-ci oscillera entre admiration pour son talent inégalable; mépris absolu pour avoir été complice silencieuse pendant tant d’années! Il semble pourtant continuer encore plusieurs décennies après sa mort !Décédé paisiblement le premier septembre 1981; quelques mots flottèrent parmi ceux venus assister aux obsèques comme autant témoins facétieux : "Un homme pouvait-il être tant admiré tout en étant tant haï ?". Ainsi disparaît cet architecte dont l'héritage est sans aucun doute celui lourdement chargé...Aujourd'hui encore… Les monuments spectaculaires bâtis par Albert Speer sont toujours debout non loin règnent cependant aussi quelques ombres dérangeantes; car ils rappellent la dualité tragique entre art exceptionnel porté par celui-ci contre toile humanitaire tragique entourant leur conception … Alors même qu’en mémoire persistante demeurent tous ces cris étouffés - comme si chacun devait constamment choisir quel héritage porter?Dans notre monde actuel où nous continuons souvent reproduire ces mêmes erreurs graves face aux ambitions démesurées sur lesquelles reposent souvent nos sociétés contemporaines – on pourrait dire aujourd’hui plus que jamais; Les critiques incessantes fusent quant au rapport ambivalent envers ce passé sinistre…Les récits fascinants mais troublants entourent donc toujours ce personnage controversé ; car tout artiste génial peut-être également dangereux si négligemment confronté aux appétits voraces faisant vibrer tel tambour guerrier…Peut-être finirons-nous par tirer enfin toutes les conséquences nécessaires ? Ou bien faudra-t-il attendre encore longtemps avant redécouvrir pleinement toute complexité humaine derrière figure emblématique telle celle-là ?